RELÈVE INC. SIMON DE BAENE

Créer un Google québécois

Talentueux, engagés, audacieux : La Presse Affaires présente le portrait de jeunes entrepreneurs, gestionnaires et professionnels, qui forment la relève de demain.

« Fais-tu du skate ? » C’est ainsi qu’on a été accueillie chez GSOFT par son président et cofondateur, Simon De Baene, 30 ans. Les 130 employés se déplacent principalement sur deux roues dans l’espace dernier cri de 18 000 pi2 de l’entreprise de développement logiciel à Pointe-Saint-Charles.

Le party de Noël de l’entreprise dure quatre jours sous le soleil d’un tout-inclus. Simon a voulu sortir ses employés de leur zone de confort pour faire émerger de nouvelles idées : il a loué six mois un appartement par l’entremise d’Airbnb à Barcelone où ils sont allés en alternance. Il fournit les lunchs santé trois fois par semaine. Les horaires sont flexibles. Et les vacances ? Elles sont illimitées. « Je fais confiance à mes employés pour développer des logiciels pour la NASA. Je peux leur faire confiance pour gérer leurs vacances. »

Simon, choisi par EY comme Jeune entrepreneur de l’année en 2013, est le gars cool aujourd’hui, mais il a mangé ses croûtes. À 20 ans, il s’ennuyait sur les bancs de l’université en génie logiciel et, inspiré par son père, il a décidé de lancer son entreprise avec ses amis Guillaume Roy et Sébastien Leduc. Très rapidement, son meilleur ami d’enfance, Maxime Boissonneault, s’est joint à eux. 

Simon gagnait sa vie en travaillant la fin de semaine chez CGI, puis il passait ses jours de semaine chez GSOFT et ses soirs à l’université. Au grand désespoir de son père, il a finalement quitté l’université, mais il a continué d’apprendre à la dure.

Aujourd’hui, plus de 10 000 organisations de partout dans le monde utilisent son outil Sharegate. Il prévoit que GSOFT générera des revenus de plus de 40 millions de dollars en 2016. Simon De Baene souhaite ni plus ni moins faire de son entreprise un Google québécois.

Quel est votre plus grand défi comme président de GSOFT ?

« Continuer à croître et à recruter tout en maintenant la culture d’entreprise hyper forte. C’est ce qui fait notre force. Nos mandats de développement sur mesure pour des entreprises nous ont permis de nous démarquer en apportant un vent de fraîcheur dans notre domaine qui était très souvent associé à des retards et à des dépassements de coût. Ces réalisations nous ont permis de commencer à investir dans le développement de nos propres produits. Comme Sharegate, un outil pour simplifier l’administration d’Office 365 et SharePoint de Microsoft. Puis OfficeVibe, pour mesurer et augmenter l’engagement des employés en temps réel. Cinq questions sont envoyées chaque semaine aux employés et le taux de réponse est de 85 %. Nous venons de signer avec Disney. On n’a jamais eu une cenne d’une banque ou d’un investisseur. La croissance est organique. Nous aurons d’ailleurs dès mars l’étage du dessus, pour un total de 36 000 pi2, avec une rampe de skate. »

Quel a été votre pire échec duquel vous avez appris ?

« En 2009, nous avons créé Sharegate et en 2011, nous avions quatre clients, dont deux qui l’avaient acheté pour nous encourager. C’était un échec monumental. Je n’avais pas de vision. J’avais laissé mon équipe faire n’importe quoi. On était dans un “trip” techno plutôt que dans une solution avec une vraie valeur d’affaires. J’ai finalement décidé de tout mettre à la poubelle et de recommencer avec une vision plus claire. J’ai décidé qu’on se concentrerait sur une seule fonctionnalité, mais qu’elle serait vraiment efficace. En un mois, on a fait plus de ventes qu’en deux ans et la croissance s’accélère toujours. Sharegate est mon plus gros échec et ma plus grande réussite en même temps. »

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

« Je voulais réaliser quelque chose de gros dans ma vie et dernièrement, je me suis dit que j’avais réussi. Ç’a été très souffrant et jamais je ne reviendrais en arrière ! Maintenant, je veux que GSOFT prenne de l’expansion, mais je ne changerais rien. Je veux continuer à bâtir une marque forte. Je veux que GSOFT soit aux technologies ce que le Cirque du Soleil est au monde du divertissement et Sid Lee au monde de la pub. »

Nommez-moi une personne qui vous inspire.

« Jason Fried. Il est derrière 37signals qui développait différents outils comme GSOFT, et, l’an dernier, il a décidé de se concentrer uniquement sur Basecamp, son produit phare. Il a une super vision et il n’entre pas dans un moule et ça l’a beaucoup avantagé. Puis, Elon Musk [Tesla, PayPal, SpaceX], qui est The Man en ce moment. »

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